Prairies

4 septembre 2025

Un observatoire des prairies à narcisses de l’Aubrac

Observatoire des prairies de l'Aubrac - PNR Aubrac
Observatoire des prairies de l'Aubrac - PNR Aubrac

Un Observatoire des prairies du Massif central est créé cette année par l’INRAE et les Conservatoires botaniques nationaux. Pendant les 10 années à venir, leur diversité floristique, les quantités et qualités de fourrages produits,… seront relevés et analysés.

Face au changement climatique, ce travail devra permettre de développer les connaissances scientifiques et de créer des outils d’aides à la gestion. Avec un groupe d’une dizaine d’éleveurs volontaires, le Parc naturel régional de l’Aubrac participe à ce suivi avec un focus particulier sur les prairies à narcisses des poètes. Vendredi 29 août, les résultats de cette première saison d’observation ont été présentés aux éleveurs et partenaires du projet.

“Chez moi, nous sommes passés de 500 à 700 kg de fleurs récoltées il y a 10 ans, à environ 150 kg ces dernières années” décrit C. Vialard, éleveur à Nasbinals. “Alors que je n’ai rien changé dans mes pratiques !” s’interroge-t-il. “Sur mes prairies, je ne constate pas une telle baisse” poursuit un second éleveur à La Trinitat. “Mais c’est important pour moi d’avoir un regard plus précis sur mes prairies à narcisses, de mieux connaître leur composition botanique. Ça me permet d’avoir conscience de cette richesse pour mieux la préserver pour le futur”. “Je trouve ce travail intéressant pour réfléchir à mes pratiques et les adapter au mieux pour conserver les narcisses” ajoute un troisième. “Il faut aussi considérer que les prairies à narcisses sont un atout fort pour les paysages et l’attractivité du territoire” termine G. Diaz, accompagnateur en montagne.

Ce printemps, 10 parcelles ont été suivies chez 9 éleveurs : comptage de fleurs et de pieds, analyse qualité et quantité de foin, suivis botaniques. Cette première année de suivi a été réalisée par Chloé Sillon, étudiante en Master 2 à l’université Grenoble et stagiaire au Parc. Les prairies observées sont en bon état de conservation. La stagiaire a dénombré 45 fleurs au mètre carré en moyenne, et jusqu’à 80 fleurs au maximum. Jusqu’à 58 espèces ont été observées sur 25 m² !

Les différents résultats ont été analysés au regard des pratiques de fertilisation et de fauche pour tenter d’identifier plusieurs préconisations de gestion. Globalement, c’est une mosaïque de prairies variées qui permet d’assurer au mieux une production de fourrage satisfaisante et résiliente aux modifications climatiques. Un panel comprenant des prairies plus productives et fertilisées, et des prairies plus diversifiées, moins productives mais plus résistantes aux aléas. Les prairies à narcisses font partie de celles-là. Si un juste apport de fumier à l’automne leur est bénéfique, de trop forts apports au printemps et des passages répétés d’engins agricoles semblent les mettre à mal.