Pendant 5 ans, le Parc naturel régional de l’Aubrac a mesuré la perte de fourrage dans les prairies fréquentées par les biches et les cerfs des vallées des Boraldes de l’Aubrac. Les données relevées ont été suffisamment nombreuses pour considérer les résultats obtenus, une moyenne de 30 % de pertes, comme représentatifs sur le plan statistique.
C’était sans compter l’implication des éleveurs dans ce programme et leur volonté de poursuivre les relevés. “Cela aurait été dommage de se priver de cet outil” explique Jean-François Bailleau, éleveur à Saint Chély d’Aubrac et membre de l’Association Agriculture en Aubrac, partenaire de cette action. “On pressentait qu’il y avait des pertes différentes selon les secteurs, en fonction probablement de la pression de chasse. Nous avons tenu à ce que les mesures soient reconduites cette année, pour nous, c’est un outil pour orienter la régulation des populations de cervidés, qui est complémentaire aux comptages des individus que réalisent l’ONF et la fédération de chasse”.
Le Parc a proposé à des lycées agricoles de participer à ce travail et celui de Saint-Flour a répondu positivement. “C’était un projet intéressant à plusieurs niveaux. Pour nos élèves en Bac pro Gestion des milieux naturels et de la faune, la question de la régulation des espèces causant des dégâts fait totalement partie de leur programme. C’était intéressant également pour nos élèves en filières agricoles, qui sont pour certains directement concernés. Le travail était concret, sur le terrain et utile pour le territoire” explique Stéphanie Vialard-Mazin, leur enseignante.
Une cinquantaine d’étudiants sont donc allés mesurer les pertes de fourrage dans une trentaine d’enclos-exclos. Ces installations très simples, 4 grilles de chantier disposées en carré au milieu de parcelles qui ne sont pas pâturées par des bovins, permettent de peser la quantité d’herbe qui pousse à l’intérieur et de la comparer à celle qui pousse autour, broutée par les cervidés. “On leur a expliqué le protocole scientifique, à suivre très précisément, on leur a fait faire de la géométrie, des maths, des stats…” explique l’éleveur, amusé. “Ça a aussi été une belle rencontre humaine, entre les agriculteurs du secteur et ces étudiants. Nous avons pu expliquer concrètement les problèmes posés par un trop grand nombre de cervidés sur un même secteur. L’écoute a été excellente et leurs questions très pertinentes.”
Les relevés faits en 2025 montrent des résultats cohérents avec les années précédentes, en légère baisse, avec effectivement des variations selon les secteurs. Toutefois, certaines parcelles sont encore impactées à hauteur de 60 % de perte de fourrage. Ces mesures servent de base objective à la concertation locale avec les sociétés de chasse pour définir les quotas de prélèvement. Cette nouvelle collaboration avec le lycée de Saint-Flour sera reconduite l’année prochaine.