C’est un projet innovant que porte le Parc naturel régional de l’Aubrac. Créer une plateforme numérique qui recense en Aubrac les pierres pouvant être utilisées pour des projets de construction ou de rénovation en pierre sèche, et qui met en relation leurs propriétaires avec les artisans, les architectes ou les porteurs de projets.
“L’utilisation de pierres dans les constructions est un marqueur fort de l’identité d’un territoire, et l’Aubrac en est un très bel exemple. Que ce soit le granit, utilisé pour les murets qui délimitent les parcelles, le basalte dans les maisons et les villages, ou le schiste pour les terrasses agricoles de la vallée du Lot ou de la Colagne… Sur l’Aubrac, la pierre aussi fait le paysage remarquable que l’on connaît.
C’est exactement pour cela que la Charte du Parc mentionne l’accompagnement de la filière pierre locale comme un des axes de travail à poursuivre. Pour la qualité de nos paysages. Mais aussi pour l’économie locale qu’elle peut engendrer.” explique Eric Malherbe, maire de Marchastel et élu du Parc.
“Aujourd’hui, la pierre est devenue un matériau rare, cher et sous-utilisé. Les artisans et les porteurs de projets rencontrent de vraies difficultés pour en trouver, qui de surcroît doit être disponible pas trop loin du chantier.” poursuit Cathie O’Neill, directrice de l’Association des Artisans Bâtisseurs en Pierre Sèche (ABPS). “Dans notre commune par exemple, poursuit Eric Malherbe, sachant la difficulté que l’on peut avoir à trouver des pierres locales dans la qualité souhaitée, nous nous sommes mobilisés très en avance pour notre projet d’aménagement du village. Et ce projet de Bourse aux pierres pourra certainement faciliter cette tâche et encourager le réemploi de pierres de qualité.”
Depuis 2019, le Parc participe à un programme de revalorisation de la pierre locale, dénommé Laubapro et coordonné par l’ABPS. Avec les artisans, les professionnels de la pierre, les collectivités,… ils ont déjà pû réaliser plusieurs chantiers innovants comme du mobilier d’extérieur design sur le chemin de Saint Jacques, installé avant l’hiver à Lasbros, au Moulin de la Folle et au Roc des Loups, ou le chantier-école de la pierre sèche à Nasbinals en octobre.
“Les pierres collectives” est un projet inédit, nous voulons rassembler le plus possible de propriétaires de pierre, cartographier la ressource locale, et permettre aux professionnels de faire leurs courses, un peu comme sur “Le bon coin” mais sans achat en ligne” explique avec malice Nicolas Leblois, chargé de mission Patrimoine bâti et paysage au Parc. “Les pierres collectives permettront seulement de mettre en relation l’offre et la demande. Aujourd’hui, l’outil n’est pas encore créé car nous avons d’abord besoin de recenser la ressource disponible sur l’Aubrac.”
“Attention, précise Nicolas Leblois, il ne s’agit pas de proposer sur cette plateforme un vieux muret ou un ancien sécadou. Ces éléments bâtis font partie de ce que l’on appelle le patrimoine vernaculaire et doivent être préservés. La pierre pouvant être réutilisée doit provenir de travaux de terrassement ou de voirie, ou alors être issue d’une ruine à l’emplacement de laquelle un autre projet est prévu. Vous pouvez aussi avoir un stock de pierres inutilisées que vous souhaiteriez rendre utile.